Championne du monde pour la seconde fois fin août en Italie, Myriam Nicole a raté le doublé en finissant deuxième de la Coupe du monde à cause d’une chute dans la dernière manche. Déterminée à revenir plus forte l’année prochaine, la vététiste de 31 ans s’est confiée pour Le Sport au Féminin.
Myriam Nicole a forcément mis du temps à digérer la déception de passer aussi près d’un doublé exceptionnel en VTT descente. Deuxième de la Coupe du monde après une chute qui la prive du titre, la sextuple championne de France (2011, 2014, 2016, 2017, 2020 et 2021) se console avec son deuxième sacre de championne du monde.
La Montpelliéraine reste pleine d’ambitions et même si le doublé lui a échappé cette année, son objectif sera de tout gagner la saison prochaine.
Vous avez été championne du monde de VTT descente fin août, comment vous avez géré la course ?
Le Championnat du monde, c’est la course d’un jour et je suis arrivée favorite parce que j’avais remporté la manche de Coupe du monde en Slovénie deux semaines en amont. J’avais quand même pas mal de pression sur les épaules contrairement à 2019. J’arrivais de blessure où je n’étais pas du tout attendue. Là, clairement, j’étais attendue vu que j’avais gagné cette course. Je l’ai prise comme ça venait en me concentrant vraiment sur chaque jour en gérant la semaine.
C’est une semaine qui est un peu plus longue qu’une Coupe du monde, on a quatre jours au lieu de trois. Puis mentalement, je fais deuxième en qualification donc je savais que j’étais dans le coup. Pour la finale, c’était la conséquence de tout le travail qu’on avait fait en amont. Me mettre dans une optique de performance et pouvoir rouler libérer et pouvoir confirmer malgré la pression que je pouvais ressentir sur mes épaules.

Est-ce qu’avec l’expérience d’un premier titre, on savoure plus le second ?
C’était tellement différent que je n’arrive pas à les comparer. Le premier, j’avais fait quatre mois de rééducation et je suis arrivée au Québec en mode « je suis prête parce que ça fait un mois que je suis de retour sur le vélo mais je n’ai rien à perdre » donc c’était plutôt une sensation de surprise et des émotions géniales.
Là, c’était vraiment la consécration d’un travail, c’était confirmer. Tu as de la pression, tu performes quand même donc j’étais satisfaite de tout le travail accompli pour en arriver là.
On voit que les stations de ski se développent beaucoup l’été avec cette nouvelle pratique (VTT descente) »
Lors de la dernière manche de Coupe du monde, une chute vous prive du doublé, comment on essaye de digérer la frustration ?
Ça fait 11 jours, je n’ai toujours rien reposté sur mon Instagram ! Je me suis dit : « c’est bon tu as digéré, il faut que tu dises quelque chose. » Cependant ce n’était pas facile à avaler. J’ai fait une chute bête mais ce qui est bien c’est que je montre qu’à 31 ans, j’ai encore des choses à apprendre. Ça va me motiver pour cet hiver, je vais avoir les crocs, ça m’a donné la niaque cette chute en fin de parcours. Que je perde le titre pour une place, c’est-à-dire que si la deuxième avait fini première, j’aurais gagné et si moi j’avais fait une place de mieux, j’aurais gagné aussi malgré la chute donc c’est rageant.
Il faut rebondir, c’est tout le travail qu’on fait en préparation mentale avec Philippe Angel, mon préparateur mental. Il faut faire sa résilience et d’en tirer les bonnes conséquences pour pouvoir rebondir. Je vais utiliser cette défaite comme quelque chose qui me remotive pour continuer, je ne suis pas démotivé mais ça va être un stimulant de plus.
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De plus en plus de femmes s’intéressent au VTT descente, est-ce qu’il y a une certaine égalité dans votre discipline ?
Le niveau est élevé chez les hommes et chez les femmes. Il y en a de plus en plus donc c’est de bon augure pour la suite. C’est un sport en plein essor qui est très masculin même si on est vraiment bien respectée, je n’ai jamais eu de problèmes. Depuis tout ce temps que je fais du VTT descente ou même du VTT en général, je n’ai jamais eu une seule réflexion déplacée de la part des hommes.
Il y a de plus en plus de filles et ça fait plaisir. Dans les autres pays, c’est aussi en plein boom, on voit que les stations de ski se développent beaucoup l’été avec cette nouvelle pratique. On voit que la descente peut être accessible à tous si on s’est faire du vélo sur un chemin 4×4. Il faut juste commencer avec les bases et puis monter les échelons petit à petit.
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Avec le développement de votre discipline et un certain renouveau dans les sports aux Jeux Olympiques, est-ce que vous espérez participer aux JO avec le VTT descente ?
Ce serait un but ultime, ce serait génial. Il faudrait que je me renseigne un peu plus pour connaître la raison de son absence tellement on entend des sons de cloches différents. Je pense que le CIO s’intéresse de plus en plus à toutes ses nouvelles disciplines comme les sports extrêmes ou les sports visuels et ça plaît aux gens. Je ne vois pas pourquoi on n’y serait pas. C’est le même principe que la descente en ski sauf que c’est en VTT donc j’ai de l’espoir.
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Si vous deviez donner un conseil à un jeune qui voudrait tenter votre sport, qu’est-ce que vous lui conseilleriez ?
De commencer sur des pistes adaptées donc sur les Bike Parks, il y a beaucoup de pistes de types vertes qui sont faciles. Il faut également du bon matériel donc louer un bon vélo et aller au bon endroit. Par exemple, les portes du Soleil dans les Alpes se développent de plus en plus. Les petits conseils de base qui marchent toujours c’est de ne pas regarder sa roue et regarder loin devant et mettre ses fesses bien en arrière !
Sur les compétitions, il y avait du public et de la foule sur les pistes donc ça fait plaisir »
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le VTT descente ?
J’ai commencé le VTT descente en suivant la voie de mes frères, j’ai trois grands frères qui en faisaient déjà. J’ai débuté la compétition très jeune où j’ai touché à toutes les disciplines du VTT : du cross-country, descente et VTT trial. À 14 ans, j’ai continué sur leur chemin puis c’était vraiment la discipline qui me correspondait le plus donc j’ai percé là-dedans.
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Après des blessures en 2019 et la crise du Covid, retrouver le vélo est une forme de libération ?
Bien sûr, c’était difficile de gérer les blessures et le Covid du coup j’ai l’impression qu’il y a eu des années qui se sont passées. On profite vraiment du retour à la normale. Sur les compétitions, il y avait du public et de la foule sur les pistes donc ça fait plaisir. On se remet dedans petit à petit.

Comment vous arrivez à gérer votre carrière sportive à côté de votre vie privée ?
C’est de l’organisation. J’ai fait des études de kinés mais je ne pratique pas donc c’était extrême. J’avais peu de temps pour m’entraîner. J’ai dû vraiment me concentrer sur mes priorités pour pouvoir réussir ce que je voulais faire, me fixer des objectifs et tout faire pour les réussir quitte à faire des concessions mais si c’est vraiment ce qu’on veut, il faut foncer.
Je me l’applique dans ma vie de tous les jours. Je n’ai plus les études mais j’essaye de gérer tout le temps que ce soit famille, vie personnelle, l’entraînement et les compétitions pour pouvoir arriver à mieux gérer toute mon organisation.
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Quels sont vos objectifs pour la fin de l’année et également à long terme ?
Pour la fin de l’année, l’objectif va être de bien récupérer de cette saison. Début novembre, on va réattaquer une prépa pour pouvoir être prête pour les courses qui débutent en mars. L’année prochaine, l’objectif sera de confirmer ce titre de championne du monde et cette fois-ci aller chercher le doublé avec la Coupe du monde.