Récente championne de France élite du saut à la perche, Margot Chevrier a encore fort à faire. Avec un concours quasi parfait, la licenciée du Nice Côte d’Azur s’est emparée de la deuxième performance européenne espoir de la discipline.
La Niçoise domine de la tête et des épaules le saut à la perche français. Elle s’est accaparée du premier titre élite de sa toute jeune carrière, à Angers, le week-end dernier. Celle qui s’était révélée la saison passée en pulvérisant son record personnel de 30 centimètres, est aujourd’hui, la meilleure de la saison avec un saut à 4m51. À l’entraînement pour effectuer les derniers réglages avant les prochaines échéances, la jeune étudiante en médecine s’est confiée sur ses ambitions.
Pour commencer, revenons sur ce titre de championne de France élite…
Je fais 4m51 et bats mon record d’un petit centimètre. C’est très bien, car je ne l’avais pas fait depuis septembre l’année dernière. Cet hiver, j’avais fait des grosses performances au-delà des 4m40, mais à chaque fois je tentais le RP (record personnel) … Et ça ne passait pas. C’est un record qu’est le bienvenu sur la bonne compétition.
Avant les élites, vous étiez première au bilan français. La pression a-t-elle été compliquée à gérer ?
Justement, j’ai tiré des leçons de mon hiver. J’étais aussi première au bilan, et je n’avais pas du tout géré les France. J’étais totalement passée au travers de mon concours. Il y avait une petite partie de moi, qui se disait que j’avais été première de loin toute la saison alors c’était gagné. Au final, j’ai fait un mauvais concours, et je me suis contentée de la deuxième place. J’étais très déçue. Alors cette fois, j’y suis allée tranquille, barre après barre.
Après ce titre, allez-vous chercher celui de votre catégorie ce week-end (3-4 juillet) à Caen ?
Cet hiver, j’ai perdu le titre élite, mais également espoir (les différents championnats avaient été regroupés en un seul). Forcément, alors que c’est mon dernier championnat dans cette catégorie, je voudrais prendre le titre avant de passer sénior. En plus, le record des championnats est à 4m40, ça pourrait être sympa de partir avec. Psychologiquement, avant les Europe, ça serait cool. Surtout après un début de saison compliqué.
À quoi faites-vous référence ?
J’ai eu un blocage complet. Je n’arrivais pas à envoyer mes sauts. Physiquement, en termes de vitesse et de force, j’ai énormément progressé. Et je m’obstinais à retrouver mes sensations d’avant que je ne retrouverais jamais. C’était compliqué… Avec mon entraîneur (Sébastien Reisdorffer) on était frustrés. Il fallait qu’on trouve autre chose.
Maintenant, le problème semble parfaitement résolu. Qu’avez-vous changé ?
Je sautais sur 12 foulées, maintenant, je saute sur 10 foulées. Ça me permet de sauter très bien techniquement. J’ai plus de stabilité dans mes concours. Comme là aux Élites, je fais quasiment aucun échec. Alors qu’on a fait ce choix seulement deux semaines avant l’échéance. Donc faire une compétition, en plus avant les championnats d’Europe espoirs (8 – 11 juillet, en Estonie), ça ne peut pas faire de mal pour se régler et trouver les bonnes perches.
Aux Europe espoirs, vous aurez fort à faire, envisagez-vous un podium ?
Je suis deuxième du bilan européen, mais la première est russe et ne peut pas participer aux championnats (suite à l’affaire de dopage d’État en 2015). J’ai donc la première performance des engagées. C’est podium ou rien ! (rire) Et si je me chauffe, c’est même gagné ou rien ! Mais bon, c’est mon premier championnat international dans ma catégorie, alors on verra comment ça se passe.
N’avez-vous pas tiré d’enseignement de votre sélection aux championnats d’Europe par équipe (29–30 mai) ?
C’était ma toute première sélection en équipe de France. C’était différent. Je devais juste ramener un maximum de point pour l’équipe. Alors que là, à Tallinn (Estonie), c’est un championnat individuel. Il y a un vrai titre au bout. Depuis le temps que j’attends cette sélection, je vais la savourer. Surtout que c’est ma première en jeune, mais aussi la dernière.
Quand on voit votre saut à 4m51, il y a une belle marge. Les minimas olympiques, c’était un objectif ?
J’y ai énormément pensé depuis l’année dernière. Encore plus cet hiver, puisqu’il y avait les championnats d’Europe en salle avec des minimas à 4m60. Et quand je voyais les sauts que j’envoyais, sur un coup de poker ça aurait pu passer. Pour les Jeux, la période de qualification est terminée. C’était un objectif ultime et énorme puisque la barre de qualification était à 20 centimètres au-dessus de mon record (4m70). Forcément, je l’avais en tête, mais l’objectif de base, ce sont les Europe espoirs, alors je vais me concentrer là-dessus. Pas grave, les JO, ça sera pour 2024.
Photo à la une : (@marion-hamard)