À l’issue d’une conférence de presse consacrée au dispositif MAIF Sport Planète, présidé par Dominique Mahé, la meilleure surfeuse de grosses vagues au monde, Justine Dupont, s’est confiée pour Le Sport au Féminin sur son implication aux côtés de la MAIF pour protéger l’environnement.
Justine, ce n’est pas trop difficile de concilier tous ces projets ?
Si, très (rires). C’est un énorme challenge, très dur à suivre. Je ne m’en rendais pas compte. Mais j’aime la difficulté. C’est ma vie.
Votre discipline est en osmose avec la nature. Est-ce plus facile pour une surfeuse comme vous de se pencher sur ces questions d’écoresponsabilité ?
Bien-sûr. Car nous voyons les conséquences directement. Quand il pleut, les déchets arrivent dans les océans. Nous le ressentons sur les plages, qui sont remplies de déchets. Nous avons ce côté acteurs, en tant que surfeurs, de ramasser ces déchets qui proviennent des ruisseaux et des rivières. On évolue dans la nature, nous sommes forcément très sensibilisés à ces causes. On le voit aussi avec la température de l’eau ou les poissons. Des problèmes encore plus importants.
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Avez-vous vu des grandes évolutions depuis vos débuts dans le surf ?
On voit beaucoup plus de micro-plastique, ce qui est inquiétant. On dirait des grains de sables mais c’est bien du plastique. Avant, c’était de plus gros déchets, pendant les vacances. Maintenant, c’est plus permanent, notamment dans les stations balnéaires. Le plus frappant, c’est vraiment le plastique.

Les conditions climatiques aussi ont changé ?
Oui, d’autant plus que je surfe les grosses vagues. Les tempêtes sont plus fortes. Cet hiver, nous avons eu moins de fréquence, mais nous avons eu les plus grosses vagues jamais recensées à Nazaré (Portugal), à Hawaï et en Californie, qui sont les trois endroits les plus mythiques dans le surf de grandes vagues. Et ces trois endroits n’ont jamais eu de vagues aussi grosses et puissantes que cette année.
L’océan a un côté magique, changeant, sur lequel tu ne peux jamais te reposer.
Que pensez-vous du phénomène des vagues artificielles, et notamment de ce complexe récemment créé en Suisse ?
Je suis partagé. J’y suis allé récemment pour y surfer. C’est positif, pour les villes. Cela donne ensuite envie d’aller dans l’océan. Pour moi, ça reste un entraînement. C’est un accès privilégié pour plein de personnes. Mais aussi hyper énergivore. C’est le côté inquiétant, même si dans certains emplacements, ils arrivent à recycler l’eau polluée. Il faudrait au moins compenser avec l’énergie solaire, mais nous sommes loin de l’énergie zéro. Cela peut aussi limiter les voyages, en allant à l’océan qu’une fois sur deux.
Vous sentez que la vague n’est pas naturelle ?
Enormément. L’océan a un côté magique, changeant, sur lequel tu ne peux jamais te reposer. Tu ne maîtrises pas, contrairement aux vagues artificielles. C’est une piscine à vagues sans poissons (rires).
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Quels sont les grands projets à venir aux côtés de la MAIF ?
Il y a d’abord le projet sur l’empreinte carbone avec la forêt d’Anglet*. Nous ferons ensuite un bilan avant de révéler nos futures actions. J’ai plein d’idées que j’espère mettre en place dans le futur. J’aimerais que l’on aille plus loin dans la réduction des déchets plastiques. Ne pas juste soigner en ramassant, mais vraiment faire prendre conscience, faire de la prévention.
Sentez-vous la jeune génération impliquée ?
Tout le monde n’est pas encore impliqué à 100 %, mais c’est en cours. Les gens sont plus sensibilisés qu’avant. C’est un réel challenge pour moi de mener ces actions en étant performante dans ma discipline en parallèle. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de possibilités pour réduire son empreinte carbone. Il n’y a plus d’excuse. Quand je me couche le soir, je sais que j’ai fait ma part pour le bien de la planète.
*Un financement responsable qui est assumé à 50% par Justine à titre personnel, MAIF s’étant engagée à verser l’autre moitié. Justine Dupont reversera le montant final de la contribution à une association soutenue par la mairie d’Anglet, œuvrant pour le reboisement de la forêt de Chiberta détruite l’été 2019.
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