Un mois après les masculins, les coureuses s’élanceront pour leur Tour d’Italie ce vendredi pour dix étapes jusqu’au 11 juillet. Rétrogradé en course de deuxième division, le Giro d’Italia Donne accueillera quand même les meilleures équipes du peloton World Tour.
Le Giro d’Italia Donne, anciennement appelé le Giro Rosa, donnera son coup d’envoi ce vendredi en accueillant les plus grandes stars du peloton international sur les routes transalpines. Le Tour d’Italie féminin profite de son organisation assez proche des Jeux Olympiques (23 juillet au 8 août) pour ne pas ressentir le déclassement de son évènement. Intégré dans le calendrier World Tour depuis 2016, le Giro a été rétrogradé cette année en course de deuxième division (catégorie 2.Pro).
L’an dernier, les organisateurs de la course par étapes la plus reconnue du circuit n’avait pas réussi à trouver de diffuseur, une condition essentielle pour conserver sa place dans le calendrier World Tour. Pulse Media Group (PMG Sport) a donc pris les rênes de l’organisation avec la Fédération italienne de cyclisme (FCI) pour réinscrire la course dans l’élite des courses de cyclisme. Cette année, les 15 derniers kilomètres de chaque étape seront donc diffusés sur la chaîne YouTube de la course mais également sur Eurosport Player et GCN avec les réactions et le podium protocolaire.
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Une situation qui a pour objectif de se préparer à diffuser davantage de temps de course pour sa réintégration déjà programmée pour 2022 dans le calendrier World Tour. Pour cette 32ème édition, 144 coureuses et 24 équipes vont batailler pendant 10 étapes et 1022 kilomètres pour s’emparer des maillots distinctifs et des victoires de prestige. Les coureuses vont traverser pendant ce Tour d’Italie quatre régions du nord de l’Italie avec le Piémont, la Lombardie, la Vénétie et le Frioul-Vénétie Julienne.
« La haute qualité technique de la course est garantie par la présence de toutes les équipes les plus importantes du monde et par un parcours de difficulté moyenne-haute, extraordinaire du point de vue paysager et naturaliste, qui touche symboliquement les régions italiennes les plus touchées par la première vague de la pandémie, a expliqué Giuseppe Rivolta, le directeur général de la course. Si l’année dernière, l’intention était d’être l’édition du redémarrage, l’édition de cette année veut et peut être celle de la renaissance. »
Anna van der Breggen pour un quatrième sacre ?
Pour cette édition, nous retrouvons une partie des coureuses qui ont participé à La Course by le Tour de France samedi dernier en Bretagne. La vainqueur Demi Vollering (Team SD Worx) sera au rendez-vous italien avec sa coéquipière Anna van der Breggen. La triple lauréate du Giro (2015, 2017 et 2020) est très attendue pour défendre son titre contre ses concurrentes qui s’affichent comme de véritables challengers.
La course sera peut-être différente des éditions précédentes puisque de nombreuses athlètes viennent dans « la Botte » pour se préparer aux Jeux Olympiques. À l’inverse, la double lauréate (2018 et 2019) et grande favorite, Annemiek van Vleuten (Movistar) a décidé de ne pas prendre de risque et a renoncé à venir sur les routes italiennes. La Néerlandaise de 38 ans court toujours derrière une médaille olympique et ne veut pas sacrifier une de ces dernières chances : « Je suis triste de devoir quitter le Giro car c’est ma course préférée. Chaque fois que je me dis « et puis merde, je vais juste rouler », je regarde la cicatrice sur mon poignet que je me suis cassée cinq jours avant les championnats du monde [en 2020]. Vous pouvez mieux vous préparer à un contre-la-montre dans un camp d’entraînement. Dans une course par étapes, je ne peux pas tout contrôler, il y a les transferts, la défense du maillot, plus de stress. Dans le camp d’entraînement, je peux me reposer mentalement. »
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La course pour le maillot rose s’annonce intense avec la présence de l’inépuisable Marianne Vos (Jumbo-Visma) qui n’a plus gagné la compétition depuis 2014 (3 Giro en 2011, 2012 et 2014) mais son début de saison impressionnant la rend forcément dangereuse pour ses concurrentes.
L’Australienne Amanda Spratt (BikeExchange) sera également une coureuse à suivre. Malgré son abandon l’année dernière à cause d’une chute, l’Australienne de 33 ans a ses habitudes sur le podium du Giro avec deux troisièmes places en 2018 et 2019. Il faudra également surveiller le duo de Trek-Segafredo, Lucinda Brand et Elisa Longo Borghini. La Néerlandaise de 31 ans sort d’une saison exceptionnelle en cyclo-cross avec la victoire au classement général de la Coupe du Monde et un titre de championne du Monde.
De son côté, l’Italienne enchaîne les podiums cette année sur les courses d’un jour (2ème aux Strade Bianche, 3ème de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège) et essayera de faire mieux que sa 2ème place en 2017 et sa 3ème place l’an dernier. Au début de la saison, Elisa Longo Borghini avait indiqué ses ambitions : « Je sais que ce sera vraiment difficile de battre Anna van der Breggen mais nous avons une équipe très forte et nous pouvons jouer avec notre stratégie d’équipe. Nous devons aller au Giro pour essayer de le gagner. »
Les Françaises auront une carte à jouer
Les Françaises seront également au rendez-vous. Évita Muzic (FDJ Nouvelle-Aquitaine), vainqueure de la dernière étape l’année dernière, a déjà arboré son nouveau maillot de championne de France, elle pourra l’exposer sur le Giro d’Italia Donne pendant les étapes. Juliette Labous (DSM) sera aussi de la partie pour ce Tour d’Italie qu’elle apprécie puisqu’elle a décroché le maillot de meilleure jeune en 2019 (11ème au général). Cette année, la Française de 22 ans n’abordera peut-être pas le Tour d’Italie avec l’ambition du général en vue de sa préparation pour les Jeux Olympiques.
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Aude Biannic (Movistar), Maëlle Grossetête avec Eugénie Duval pour la FDJ Nouvelle-Aquitaine et les coureuses d’Arkéa-Samsic Lucie Jounier, Léa Curinier, Amandine Fouquenet et Typhaine Laurance font partie des autres Françaises engagées. La grande absente du clan français, c’est Audrey Cordon-Ragot (Trek-Segafredo) qui ne fait pas partie des sélectionnées pour participer à la course à étapes. Cette 32ème édition du Giro est une nouvelle occasion pour une Française de succéder à Catherine Marsal, seule Française lauréate de la course en 1990. En attendant, le retour du Tour de France féminin en 2022, les coureuses pourront disputer l’une des plus belles courses du monde à travers les routes sinueuses de l’Italie du Nord, le Giro d’Italia Donne.
Les étapes du Giro d’Italia Donne (2 juillet au 11 juillet) :
Étape 1 : Contre-la-montre par équipes entre Fossano et Cueno (26,7 km)
Comme à son habitude, le Giro débute avec un contre-la-montre par équipes qui pourrait pénaliser certaines coureuses qui n’ont pas d’équipes pour les emmener. La Team Trek-Segafredo s’est imposée l’année dernière mais pour cette édition, la FDJ Nouvelle-Aquitaine a réalisé un camp d’entraînement spécial pour cette étape.
Étape 2 : Boves à Prato Nevoso (100 km)
Les coureuses n’auront pas le temps de se remettre du contre-la-montre que les grands cols les attendent avec une étape de montagne qui tiendra toutes ses promesses. Dans cette étape vallonnée tout du long, la dernière ascension de 19 km pour monter jusqu’à Prato Nevoso permettra de creuser un véritable écart pour les favorites.
Étape 3 : Casale Monferrato à Ovada (135 km)
Les baroudeuses auront leurs cartes à jouer dans cette troisième étape. Favorable au peloton dans la première partie de la course, les petites montées pourraient permettre à des échappées de s’envoler vers la victoire. Si certaines sprinteuses veulent disputer la victoire, elles devront réussir à retenir toutes les courageuses qui tenteront de s’envoler vers le succès.
Étape 4 : Contre-la-montre individuel entre Formazza et Cascate (11 km)
Le contre-la-montre individuel va permettre d’accentuer ou de réduire les écarts au classement général. Cet effort solitaire se déroulera sur un parcours qui ne fait que monter au fur et à mesure du parcours.
Étape 5 : Milan à Carugate (120 km)
La capitale lombarde offrira la première véritable étape pour les sprinteuses. Cette étape de plaine sera sûrement nerveuse pour les coureuses les plus rapides qui tenteront de ramener une victoire d’étape avant l’arrivée à Cormons le 11 juillet.
Étape 6 : Colico à Colico (155 km)
L’étape la plus longue de ce Giro offrira une belle bataille entre le peloton et les échappées. Les petites côtes permettront à des coureuses d’attaquer et de pourquoi pas aller chercher la victoire. Les organismes commenceront à être fatigués et les revanchardes auront eu occasion de sauver leur Giro.
Étape 7 : Soprezzocco di Gavardo à Puegnago del Garda (109,6 km)
Le nom de Marianne Vos résonnera dans toutes les discussions au départ de cette étape. La Néerlandaise convient parfaitement à cette étape avec un parcours vallonné qui offrira une chance à des puncheuses ou des sprinteuses qui passent bien les bosses. Sur un circuit où elles monteront cinq fois au Puegnago del Garda, la course pourrait réserver de nombreuses surprises.
Étape 8 : San Vendemiano à Mortegliano (129,4 km)
Après plus d’une semaine à haute intensité, les coureuses apprécieront de pouvoir se reposer dans cette étape de plaine qui proposera une nouvelle opportunité pour les sprinteuses et une étape de contrôle pour les leaders du général.
Étape 9 : Tavagnacco à Matajur (122,6 km)
Cette neuvième étape sonne comme la dernière grande bataille pour le général avec deux ascensions finales qui mettront à rude épreuve les coureuses. Les grimpeuses et les coureuses qui auront encore de l’énergie ont une occasion unique de remporter une étape à Matajur.
Étape 10 : Capriva del Friuli à Cormons (113 km)
L’étape pourrait être tranquille comme remplie de péripéties en fonction de la situation et du niveau de fatigue des coureuses. Comme l’année dernière, la dernière étape se joue sur un circuit et il offrira un ultime duel entre le peloton et les échappées. L’an passé, Évita Muzic avait réussi à s’imposer devant ses compagnes d’échappées et les sprinteuses n’avaient pas eu l’occasion de se battre une dernière pour la victoire. L’arrivée à Cormons permettre à tout le monde de savourer l’arrivée de ce Giro encore plus pour celles qui auront réussi leurs objectifs.

Photo à la Une : (@InBici Magazine)