Avec de nombreuses médailles décrochées depuis le début de l’année Sara Balzer vient de réaliser une saison de haute volée, peut-être la meilleure depuis le début de sa carrière. Loin d’être rassasiée, l’Alsacienne nourrit de grandes ambitions pour la suite avec en ligne de mire, les Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour Le Sport au Féminin , l’escrimeuse tricolore s’est longuement confiée. Entretien.
Une fois n’est pas coutume, l’escrime français fait le plein de médailles. Première au compteur des médailles lors des dernier championnats du monde au Caire, la France s’affirme encore et toujours comme l’une des grandes nations de cette discipline. L’escrime, apparue dès l’Antiquité avec des combats à l’arme blanche, l’ancêtre de la guerre qui s’est peu à peu mué en art martial puis en pratique sportive. Sur les pistes, l’élégance et la discipline priment. Et depuis toujours, les escrimeuses et escrimeurs tricolores rayonnent.
Au sein de la délégation tricolore, l’Alsacienne Sara Balzer vient de réaliser une année 2022 sensationnelle. Médaillée d’or avec les sabreuses tricolores et de bronze en individuel aux championnats d’Europe d’Antalya en juin, elle a également obtenu l’argent par équipes aux championnats du Monde du Caire fin juillet.
Désormais classée 9ème au ranking mondial, Sara Balzer sait qu’elle a encore une marge de progression importante et nourrit de grandes ambitions pour la suite. « J’avance, j’ai de bons résultats et j’ai encore beaucoup de domaines où je dois m’améliorer, je peux encore progresser et aller chercher d’autres médailles dans les années à venir.« .
Encore une médaille avec la France aux championnats du monde du Caire. Quels ont été les clés du succès ?
On est très contentes de cette médaille. C’était une compétition difficile, on a du s’employer dès les quarts de finale et on est passé proche de l’élimination en demi. La finale a été compliquée car les Hongroises ont rapidement pris les devants. L’écart se creusait et on n’arrivait pas à trouver les solutions, c’était assez frustrant. On a réussi à revenir lors des deux derniers relais avec Caroline Queroli mais ça n’a pas été suffisant.
L’escrime français se porte très bien. On a fait 11 médailles aux championnats d’Europe, 8 aux championnats du Monde .. C’est quasiment les meilleurs résultats pour la délégation tricolore donc c’est super pour l’escrime français. Ca prouve qu’on fait partie des meilleures nations, il faut qu’on continue comme ça jusqu’au Jeux Olympiques. On y pense forcément déjà. C’est dans deux ans il reste encore beaucoup d’échéances avant mais c’est difficile de ne pas y penser ! Tout le monde nous en parle, on sent qu’il y a beaucoup d’engouement autour de cet évènement donc on ne peut pas faire comme si ça n’existait pas. C’est clairement un objectif pour moi mais il y aura pleins d’autres étapes à court et moyen-terme.
L’ambiance est au beau fixe au sein de la délégation tricolore ?
Je confirme qu’il y a une très bonne ambiance dans le groupe. Aux championnats d’Europe, on a tiré en même temps que les épéistes hommes, on a passé la journée ensemble et on a pu se motiver mutuellement. On ne se croise pas beaucoup durant l’année, c’était super de tous se retrouver. C’est toujours enrichissant d’échanger avec des escrimeurs comme Romain Cannone ou qui ont des palmarès impressionnants et beaucoup d’expérience. J’adore ces fins de saison où on se retrouve tous ensemble pour aller chercher des titres. Tout le monde était heureux d’être là. Chaque soir on accueillait les nouveaux médaillés, ce sont de beaux moments de partage. C’est très motivant et ça donne envie de se surpasser.
En 2017, vous avez eu une grave blessure au genou. Que retenez-vous de cette épreuve ?
J’ai essayé d’aborder cette épreuve en restant la plus positive possible. Ca m’a permis de travailler sur d’autres aspects de mon escrime. J’ai également découvert mon côté guerrière et persévérante pendant ces moments difficiles. Je ne pensais pas le prendre aussi bien. Cette blessure a changé ma vision des choses. Je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui sans ça. En tout cas ça m’a apporté sur le plan personnel et aussi sur mon escrime. Ca m’a aidé à me construire en tant que femme et en tant que sportive.
En 2019, vous deviez encore financer vos propres déplacements. La situation a t-elle changé depuis ?
Oui il y a eu des améliorations à ce niveau. Forcément quand on décroche de bons résultats ça attire plus de sponsors. Le fait que les JO se déroulent à Paris en 2024 est également très positif. Grâce aux JO, aux médailles obtenues, au travail de la Fédération qui m’a aidé à trouver des partenariats, aujourd’hui je peux m’entraîner beaucoup plus sereinement sans avoir énormément de frais personnels.
Avez-vous terminé vos études ?
Oui, j’ai obtenu mon BTS en communication digitale et je fais maintenant un Bachelor. C’est très difficile de gérer les études et la vie de sportive. J’ai du mal à trouver l’énergie nécessaire pour m’investir pleinement dedans. Toute mon énergie va dans l’escrime, je passe des journées entières à l’INSEP entre les entraînements, la récupération. Ce n’est pas facile de trouver du temps pour le reste mais c’est important de le faire pour mieux préparer l’après-carrière.
