Médaillée de bronze au classement général des championnats du monde de bloc en 2018 et en 2019, Fanny Gibert a fait sa place parmi le gratin mondial de l’escalade. La native de Montpellier s’est confiée pour Le Sport au Féminin lors des Sportel Awards, avant ses prochaines échéances. Extraits.
A 27 ans, Fanny Gibert s’est imposée parmi les meilleurs athlètes du monde de la grimpe. Après cinq titres de championne de France, et deux podiums au classement général des championnats du monde de bloc, la Montpelliéraine aborde 2021 avec des ambitions grandissantes.
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Dans le contexte actuel, avez-vous ressenti des difficultés pour pratiquer votre discipline ?
Oui, c’est difficile. On peut enlever le masque pour monter, mais pour tout le reste, on doit le porter. Aussi, même si en tant qu’athlète de haut niveau, on a des autorisations, les salles ferment tôt, il faut revoir ses plages horaires. Il y a aussi le problème des partenaires d’entraînements, qui pour certains, ne sont pas des athlètes de haut niveau, donc ça complique l’organisation. Le dernier problème, c’est que les salles sont fermées au public, donc elles ne renouvellent pas les ouvertures. On grimpe toujours sur les mêmes blocs, alors que d’habitude, on a la chance d’avoir une diversité. Je pense que dans certains sports c’est beaucoup plus compliqué, et nous avons la chance de pouvoir continuer.
Avez-vous envisagé de vous entraîner en pleine nature, justement pour changer un peu de cadre ?
Après le confinement, on n’avait pas le choix, donc j’ai fait beaucoup plus de séances à l’extérieur que d’habitude. Finalement, ça s’est super bien passé et j’ai réussi à être en forme en grimpant à un niveau difficile. Maintenant, je prépare les compétitions internationales donc j’essaye de pas non plus trop faire de séance en extérieur. J’en fait quelques-unes, en essayant d’être au plus proche de ce que je vais avoir en compétition. Mais, ça reste plaisant, surtout qu’on ne porte pas le masque (rires). Je grimpe dans la forêt de Fontainebleau, un espace incroyable. C’est un lieu qui change beaucoup selon les endroits, vous pouvez passer d’une mer de sable, à une forêt avec beaucoup de végétation. C’est vraiment agréable.
C’est facile, mais je n’ai pas le droit de tomber, là, c’est une chute qui fait très mal.
Quelles sont les grandes différences entre l’intérieur et l’extérieur ?
En extérieur, il faut sécuriser les chutes. C’est nous qui devons apporter les crash pads (tapis de protection) pour la réception alors qu’en salle on peut se jeter n’importe où, il y a des matelas en place pour ça.
Ressentez-vous plus d’adrénaline lorsque vous grimpez en extérieur ?
En extérieur on reste sur des blocs, mais avec la hauteur, on mesure peut-être un peu plus les risques de mauvaise chute. Avec la peur, je pense qu’on est plus prudent, mais je ne pense pas que ce soit plus dangereux. Il y a aussi ce côté adrénaline qui rentre en compte, tu te dis « c’est facile, mais je n’ai pas le droit de tomber, là, c’est une chute qui fait très mal ».

Justement, est-ce que c’est cette adrénaline qui vous a attiré dans la discipline ?
Je ne sais pas trop. C’est un coté que j’aime bien oui, mais je n’aime pas non plus me faire peur. Je sais que certains grimpeurs aiment beaucoup cette adrénaline, moi, j’aime trouver des mouvements plus difficiles, me lancer des défis, le challenge maximal que je peux repousser. L’avantage, c’est que ce sont des ambitions réalisables autant en intérieur qu’en extérieur.
La découverte, c’est une dimension qui me plaît beaucoup. J’aimerais m’investir dans des projets qui ont du sens.
Après votre carrière, vous pourriez partir à l’aventure, grimper de manière plus aventurière ?
C’est souvent ce qui se fait le plus, et je vois les choses comme ça aussi. Les compétitions, c’est éphémère. Quand tu as un créneau, il ne faut pas le rater, et pour moi, c’est maintenant ou jamais. Les rochers ne devraient pas bouger (sourire). Je me projette dans l’après, voir la fin de ma carrière, pour faire plus de voyages, découvrir des nouveaux sites. C’est aussi l’occasion d’apprendre de nouvelles manières de grimper, d’escalader des grandes voies… Il y a vraiment une variété de possibilités et c’est génial.
Seriez-vous intéressée de parcourir le monde, à travers les montagnes et leurs sommets, tout en défendant une cause environnementale ?
Complètement. Mais c’est ça qui est dommage avec le haut niveau. On n’a pas le temps de découvrir les endroits où l’on va, on fait juste faire des allers-retours pour des week-ends de compétitions. La découverte, c’est une dimension qui me plaît beaucoup, et plus tard, j’aimerais m’investir dans des projets qui ont du sens, aussi, sur les à côtés de l’escalade.
Quels sont vos prochains objectifs pour cette nouvelle saison ?
La saison 2021, on ne sait pas encore trop à quoi elle va ressembler. Moi, mon objectif c’est de gagner une Coupe du Monde de bloc. Ca me fait rêver et j’espère que ce sera possible en 2021.
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Photo à la Une : (@GEPA / Icon Sport)