Après le forfait des joueuses quelques jours plus tôt pour alerter sur leurs conditions, les dirigeants ont pris une décision radicale. Ce mardi soir, le Conseil d’administration de l’AS Bayonne a décidé de déclarer forfait pour la suite de la saison d’Élite 1.
Le choc a été brutal pour les Neskak. Une dizaine de jours après avoir déclaré forfait contre Toulouse en Coupe de France pour tirer la sonnette d’alarme sur leurs conditions d’entraînements et le manque de moyens, les dirigeants bayonnais ont pris une décision radicale. Vexé par cette action des joueuses, le Conseil d’administration de l’AS Bayonne a décidé lors d’un vote (18 voix pour et une abstention) de déclarer forfait pour le reste de la saison d’Élite 1. Mardi soir, les joueuses et le staff étaient conviés à discuter avec les dirigeants lors d’une réunion. Tout laissait à penser que la situation allait avancer dans le bon sens mais l’annonce a eu l’effet d’une onde de choc chez les joueuses.
» À LIRE AUSSI : Pauline Bourdon quitte l’AS Bayonne pour rejoindre Toulouse
Après une réunion d’une heure et demie, les Bayonnaises ont appris que leur saison dans l’élite du rugby féminin était terminée. Selon France Bleu Pays Basque, la ligne rouge aurait été franchie par « les joueuses qui ont voulu se rebeller » pour certains membres du Conseil d’administration. Le club de la rive droite a donc envoyé un courrier à la Fédération pour officialiser la nouvelle et a décidé de continuer en Fédérale 1 (3ème division). Dans son communiqué, le club rappelle les demandes des joueuses et donne sa réponse : « Le club est conscient des exigences inhérentes à la compétition Élite 1. Il a, depuis plusieurs saisons, engagé des investissements significatifs pour soutenir l’équipe d’Élite 1 (en 4 ans 124 000 €). C’est pour cette raison qu’un partenariat avec l’Aviron bayonnais rugby pro a été initié courant 2021, afin de nous accompagner dans une démarche d’évolution et de structuration de la section féminine. »
Une réunion entre tous les concernés le 23 novembre
Gilles Peynoche, président de l’AS Bayonne, estimait que le club créé en 1992 n’avait plus les moyens et les infrastructures nécessaires pour continuer à évoluer en Élite 1. Alors que l’équipe masculine est en Fédérale 3, les féminines pourraient donc débuter la prochaine saison en Fédérale 2, la plus basse division du rugby féminin. Une décision difficile pour les joueuses. Interrogée par Actu Rugby, Christelle Ladeuix, deuxième ligne, a réagi à la situation : « On ne pensait pas faire autant de bruit avec notre forfait, on voulait juste se faire entendre auprès du bureau, c’était un cri d’alarme et là on se fait planter… Je le prends très mal, ça fait 10 ans que je me bats pour ce club et le Comité de Direction nous lâche. » La situation n’est pas encore totalement réglée.
» À LIRE AUSSI : Caroline Drouin et Camille Grassineau récompensées aux Oscars du Midi Olympique
Après avoir effectué une réunion de crise le lendemain avec les dirigeants du club, la ville de Bayonne ne compte pas laisser tomber. La municipalité devrait organiser dans les prochains jours, le 23 novembre selon France Bleu Pays Basque, une réunion avec tous les protagonistes (dirigeants, joueuses, staff, représentants de l’Aviron Bayonnais et la Fédération Française de Rugby). Cyril Laiguillon, l’adjoint aux sports, explique le but de cette rencontre : « Définir les conditions permettant à l’ASB de poursuivre son développement et son engagement en faveur du sport féminin. Tant que l’arbitre ne sonne pas la fin du match, ce n’est pas fini. Et la Ville, qui, à travers les subventions, participe au fonctionnement du club (66 000 € sur les 300 000 € du budget total), notamment à travers des bonus pour les licences féminines, veut pouvoir préparer l’avenir sereinement. » L’élu bayonnais poursuit : « On va enfermer tout le monde dans le vestiaire, on va se dire les choses, par contre quand on va rouvrir les portes du vestiaire on veut des projets à court, moyen et long terme pour qu’on puisse avancer ensemble sur un avenir au haut niveau pour les Neskak à Bayonne. »
Une affaire qui remonte jusqu’à la FFR
Ce forfait acté par les dirigeants a également fait réagir à Paris au siège de la FFR. Une réunion de crise a été organisée ce jeudi entre Brigitte Jugla, vice-présidente chargée du développement du rugby féminin, et d’autres responsables comme Serge Simon, vice-président de la FFR. Loin d’imaginer un tel scénario, les Neskak sont sous la menace de passer une nouvelle année chaotique après deux saisons qui avaient connu de nombreux rebondissements à cause de la pandémie.
» À LIRE AUSSI : Quelle composition pour les Bleues face à la Nouvelle-Zélande ?
Engagé dans une « année de transition » pour tenter de se reconstruire après le départ de nombreux cadres, le club bayonnais vivait un début de saison catastrophique sur le plan sportif (3 défaites en 3 matchs). L’exposition médiatique de cette affaire pendant la très belle tournée d’automne des Bleues pourraient également entacher la dynamique du rugby féminin français mais surtout poser la question de la professionnalisation dans le sport féminin.
